Le suicide, en parler c’est déjà agir
Depuis 2007, le Point Accueil Écoute Jeunes (PAEJ) en partenariat avec Catherine FAMIN, psychologue clinicienne à l’Unité d’Accueil des Urgences Psychiatriques (UAUP) de Carpentras propose une Commission Technique de Réflexion sur la question du mal être et de la problématique suicidaire des adolescent·e·s et jeunes adultes.
Elle vise à favoriser l’information et la sensibilisation des professionnel·le·s et des publics pour un meilleur repérage et accompagnement des personnes en situation de crise suicidaire.
Cette commission est constituée de professionnel·le·s du secteur sanitaire, social et éducatif du territoire qui s’engagent à réfléchir ensemble sur leur pratique professionnelle et mettent en place une action de sensibilisation collective.
Durant l’année 2020-2021, partant du constat que le suicide reste un sujet tabou et qu’il existe peu ou pas de prévention à ce sujet en France, les professionnel·le·s de la commission ont décidé d’élaborer une campagne de sensibilisation à visée départementale et en direction de tous publics.
L’objectif de la campagne est double, lever le tabou qui frappe encore le suicide (Le suicide, en parler c’est déjà agir) et déconstruire certaines idées reçues répandues autour du sujet. Ainsi, chaque affiche a pour sujet une de ces idées reçues.
La campagne a été réalisée en collaboration avec l’école de jeux vidéo de Carpentras ESA Game, dont les étudiant·e·s de 1ere année et leur professeur de dessin, ont conçu des panneaux signalétiques s’inspirant notamment du travail de l’artiste contemporain belge, Jérôme Considérant.
Jérôme Considérant, a par ailleurs créé le panneau de la première affiche (voir ci-dessous).
Nous remercions, vivement, tous ceux et celles qui ont œuvré à l’élaboration de cette campagne qui, nous l’espérons, participera à une prévention efficiente du suicide.
Campagne de prévention
Affiche 1 : Idée reçue n°1
D’après les chiffres, sur 10 personnes qui se suicident, 8 donnent des messages ou des signes sur leur intention, si minimes soient-ils.
Le suicide est l’aboutissement d’un processus évolutif, temporel et réversible. Il est marqué par l’apparition d’idées suicidaires d’abord passives, puis de plus en plus actives et envahissantes jusqu’à l’élaboration d’un scénario. Tout au long de ce processus, la personne suicidaire exprime des messages parfois difficiles à décoder et émet des indices évocateurs de son état de crise et de son besoin d’aide.
Et cela peut prendre différentes formes. Ce peut être des messages verbaux directs (« je n’ai plus le goût de vivre », « je vais en finir avec tout ça » …), mais aussi indirects (« je suis à bout », « je n’en peux plus », « j’ai peur de ce que je vais faire », « bientôt vous allez avoir la paix »…). Plus globalement la personne exprime des sentiments de désespoir ou d’absence d’issue et d’incapacité à faire face plus longtemps à une douleur insupportable, parfois même d’être un fardeau pour les autres…
Mais ce sont aussi des indices comportementaux (changement radical d’attitudes, dons d’objets significatifs, diminution de la performance scolaire ou au travail, retrait, isolement, modification des habitudes alimentaires, hygiéniques, vestimentaires, consommations excessives d’alcool de drogues ou médicaments, des prises de risque excessives, etc.…), ou encore des indices émotifs (désintérêt, perte de plaisir, de désir, tristesse, pleurs, anxiété, fatigue, apathie, découragement, sentiment d’échec et d’inutilité, manque d’estime de soi, dévalorisation, incohérence, brusques changements de l’humeur, agressivité, émotions contradictoires et changeantes, etc.… ).
Ces signes montrent un état de souffrance et de détresse. En eux-mêmes, ils ne déterminent pas un état suicidaire certain, mais une fragilisation qu’il convient de prendre en compte.
On peut parfois s’illusionner face à une amélioration brutale chez une personne qui vient de traverser une longue période de souffrance. Elle peut se sentir soulagée d’avoir pris la décision d’en finir.
Affiche 2 : Idée reçue n°2
Au quotidien, dans ses relations avec son entourage, chaque personne peut aider un proche confronté à la souffrance, avec bienveillance et empathie.
Dans tous les cas, si l’on pense qu’une personne ne va pas bien, il faut faire confiance à son instinct tout en veillant à respecter ses propres limites.
Bien que la question du suicide puisse sembler difficile à aborder et dépasser nos compétences, les études montrent qu’en établissant des liens les uns avec les autres, nous pouvons avoir un impact salvateur sur les personnes qui envisagent de se suicider. (Retrouver des informations dans la rubrique « vous êtes inquiet·ète pour un proche »)
Affiche 3 : Idée reçue n°3
Demander directement si une personne songe au suicide, ce n’est pas lui suggérer l’idée, mais lui ouvrir la porte à l’expression de sa souffrance. Parler du suicide à quelqu’un qui va mal n’a jamais contribué à un passage à l’acte suicidaire. Au contraire, c’est l’occasion pour la personne en souffrance de se sentir entendue, comprise et ainsi faciliter une demande d’aide et de soutien.
Les personnes en crise suicidaire sont soulagées de pouvoir partager le fardeau de telles pensées.
Il est important de parler du suicide mais pas n’importe comment. On doit éviter de banaliser le sujet, de mettre au défi une personne de se suicider ou de louanger quelqu’un qui s’est suicidé en qualifiant son geste d’héroïque.
Affiche 4 : Idée reçue n°4
Le suicide est la conséquence de souffrances vécues comme intolérables.
La personne ne choisit pas de mourir mais elle cherche à ne plus souffrir. L’état psychologique dans lequel elle se trouve alors, ne lui permet pas, la plupart du temps, d’accéder à une vision très objective de la situation dans laquelle elle se trouve. La lassitude de vivre est alors liée à une impression de perte de place et d’identité, d’inutilité, accompagnée d’une détérioration de l’estime de soi.
La personne qui pense au suicide se sent dans une impasse et considère qu’elle n’a pas d’autre choix pour mettre fin à sa souffrance. Il est donc important de montrer à son ami, son frère ou sa sœur, son collègue etc.… qu’on est présent pour lui ou pour elle.
Affiche 5 : Idée reçue n°5
Quand on parle de suicide en terme de courage ou de lâcheté, on émet un jugement moral sur le geste suicidaire.
Or, il est avant tout un acte de désespoir, commis par une personne en grande souffrance, qui n’a pas trouvé d’autre solution pour y mettre fin.
Source :
https://www.infosuicide.org/ < cliquez pour aller plus loin